Veuf ~ Jean-Louis Fournier

Résumé :

« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement.  »

Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu. Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui.

Mon avis :

Il s’agit ici d’un beau « roman ». En effet, l’auteur offre un beau témoignage de ce qu’est le deuil après 40 ans de vie commune, mais aussi un bel hommage à sa femme qu’il aimait, même s’il ne le lui montrait pas toujours. Un bel éloge de la vie de couple : pas toujours rose mais qui vaut la peine d’être vécue, avec les petits défauts et les petites manies de chacun.

Son discours est teinté d’amour, de reproches aussi mais quoi de plus normal quand on est celui qui reste, d’humour un peu cynique mais tellement réel face au courrier qui continu d’arriver au nom du disparu … ou comment l’administration remue le couteau dans la plaie, un style simple et efficace, sans fioriture mais c’est ce qui convient pour un sujet pareil : la sobriété.

Il raconte aussi comment il survit, comment vivre « l’après ». On s’aperçoit également que ce n’est pas facile de réapprendre à vivre sans l’autre : garder les mêmes habitudes et se rappeler l’autre sans arrêt ? ou bien changer radicalement de vie mais toujours penser à l’autre en étant bien conscient de le faire pour changer de vie … On se rend compte que quoi que l’on fasse, on n’oublie pas aussi vite un être proche.

Un bel hommage mais aussi une belle façon de rappeler aux vivants que le bonheur est là, maintenant dans l’instant présent, même si l’Homme a besoin de perdre quelque chose pour s’apercevoir qu’il y tenait. A méditer !

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Je t’ai vue lire une quantité de livres, des très longs, des très lourds, des ennuyeux que tu lisais malgré tout, jusqu’au bout. J’ai toujours admiré ton courage. Moi, dès qu’un livre m’ennuie, j’arrête. Ma table de nuit croule sous les livres entamés que je ne finirais jamais. Toi, tu disais que tu voulais laisser sa chance à l’auteur, jusqu’au bout. Tu imaginais qu’après quatre cent cinquante pages ennuyeuses, tu allais découvrir, à la fin, les dernières passionnantes. Les auteurs avaient bien de la chance de t’avoir comme lectrice.

Extrait page 66

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